« Je veux parler pour ces mères de famille qui tremblent pour leurs enfants, je veux parler pour ceux qui n’en peuvent plus du tapage nocturne, je veux parler pour ceux qui travaillent dur et qui rêvent de grimper les échelons de la réussite sociale, je veux les défendre, comme je veux défendre l’honneur de nos policiers et gendarmes. » (François Fillon, Maisons-Alfort, 24 février 2017)
L’anaphore rhétorique fait son grand retour à l’occasion de la campagne électorale 2017, sous la forme d’un « je veux… je veux… je veux…» remarquable. Nicolas Sarkozy en a utilisé 10 000 lors d’une campagne sans précédent à cet égard en 2007. François Hollande a repris le procédé lors du débat de l’entre-deux-tours 2012, laissant le Président sortant sans voix face à ce qu’il a pu ressentir comme un rap(t) rhétorique.
C’est aujourd’hui à François Fillon, en difficulté dans sa campagne, de s’en remettre à ce secret rhétorique – désormais éventé. Répétés 5 fois de suite, les « je veux… je veux… je veux… » n’ont pas de commune mesure avec ceux de Nicolas Sarkozy répétés quelque 27 fois de suite à Paris le 14 janvier 2007, mais l’effet recherché est identique : dans la tempête médiatique, Fillon se sarkozyse au lendemain de sa rencontre avec l’ancien chef de l’Etat.
Si l’anaphore rhétorique exhibe toujours le volontarisme de l’orateur qui psalmodie son discours avec vigueur, le verbe « vouloir » à la première personne du singulier le renforce encore. Comme chez Nicolas Sarkozy, la volonté sans faille de François Fillon, dans la forme (l’anaphore) et dans le fond (le verbe « vouloir »), est particulièrement efficace puisqu’elle est celle du chef-protecteur qui vient soulager, dans un registre émotionnel, « les mères familles qui tremblent pour leurs enfants ».
Je veux ci…, je veux ça…, je veux là…, il n’est pas difficile pour l’auditoire citoyen de décliner l’anaphore de François Fillon et d’entendre ce qu’il a à nous dire : contre le vent médiatique et la marée de l’opinion publique, contre les décisions judiciaires, François Fillon veut vraiment rester candidat et devenir président.
Damon Mayaffre