Lorsque je travaille sur les discours médiatiques, je suis particulièrement intéressé par leur dimension politique, que celle-ci soit patente ou au contraire à l’arrière-plan, parfois masquée, à tout le moins donnée comme évidente. D’où mes publications sur l’expression indirecte des points de vue : le locuteur simule un effacement énonciatif d’où découle une impression d’objectivité, comme si le discours des faits était objectif et que seul le commentaire était subjectif. Mais même en l’absence de commentaire explicite, la construction de la réalité référentielle pèse sur la lecture des évènements, ne serait-ce qu’à travers la catégorisation. Une autre dimension de mon travail sur l’écriture de textes de plus en plus courts, avec un simple montage de citations convergentes ou divergentes, ou de « faits bruts », apparemment sans intervention directe du journaliste, qui permettent, uniquement via la sélection (des mots, des faits, des évènements, dont on se justifie rarement), de gommer des pans entiers de la réalité, de gommer toute référence à d’autres acteurs, forces, évènements, à d’autres formes de pensée et de vie, ce qui renforce leur invisibilité. Ces pratiques discursives nourrissent une réflexion sur les stratégies dont les politiques utilisent les médias, comme sur celles dont les médias rendent compte des discours politiques, réflexion qui porte autant sur des questions de responsabilité (énonciative, discursive, politique) que d’éthique (une éthique du bien commun de nature politique, non moralisatrice), et qui alimente une réflexion sur l’engagement du chercheur (lorsqu’il travaille sur de tels objets).
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